La Fontaine, Le Charlatan, Fables, VI, 19

Plan détaillé (mais sommaire)



Introduction


a) Présentation de l'auteur et de sa bibliographie.


b) Les Fables : présentation rapide de l'ensemble ; un mot sur le genre apologétique.


c) Présentation du texte.


L'apologue intitulé Le Charlatan est une fable hétérométrique (alexandrins et octosyllabes, + un hexasyllabe, v. 2) qui met en scène des humains (et non des animaux) : la charlatan, un courtisan, un Prince (monarque absolu). Elle comporte une double moralité explicite, due notamment à l'intervention du fabuliste, aux derniers vers.



La fable première


1 - Le charlatan pratique l'abus de langage (escroquerie) et se fait prendre à son propre piège.


1.1. L'entrée en matière (v. 1-6) assimile les charlatans aux professeurs de rhétorique de l'antiquité, de façon critique et humoristique (v.2,4,6).


1.2. La harangue donnée en exemple montre l'emphase hyperbolique (énumérations et exagérations), avec une pointe d'humour (rime "âne/soutane").


1.3. Le piège du contrat : pris au mot, le charlatan accepte la récompense (v.20) et le châtiment (v.23-26) cruel et humiliant.




La fable pourrait s'arrêter là, le châtiment promis comportant une moralité implicite.



Intervention du courtisan et rebondissement


 L'intervention moqueuse du courtisan provoque un rebondisssent : le charlatan sauve la face.


2.1. La moquerie du courtisan est cruelle (v.29, 30-32) et accusatrice (larrons). Il maîtrise bien le langage : une phrase bien construite, en alexandrins.


2.2. Mais c'est le charlatan qui a le dernier mot (v.35-36), confirmé par le fabuliste (v.37-38, noter l'enjambement).


2.3. A ce rebondissement s'ajoute la moralité finale, ajoutée par le fabuliste et quasi épicurienne (allusion au "carpe diem").




Si le fabuliste semble prendre le parti du charlatan, c'est par rapport à l'immoralité du courtisan, qui se sert du langage pour "enfoncer" encore le charlatan.



Une scène vivante et variée


 3.1. Variété est le maître mot : la variété entre récit et propos rapportés (et entre ceux-ci, cf la différence entre le "style" du charlatan et celui du courtisan) ainsi que l'hétérométrie, participent d'un effet contrasté d'ellipses et de gros plans.


3.2. C'est une fable "à tiroirs", avec moralités implicites et explicites (et qui relève plus de l'art baroque que classique).


3.3. La présence du fabuliste, quoique discrète dans la fable proprement dite, est bien réelle. Et les deux usages du langage ici présentés sont également fustigés, renvoyant à l'art du fabuliste qui prêche le vrai par le faux (la fiction).


Docere et placere. Ce précepte est bien respecté dans cette fable.



Conclusion



Bilan


 Une fable qui peut se lire à plusieurs niveaux (ce à quoi invite la variété) : cette "polysémie" compense la brièveté, et se dégage du modèle ésopique.


La variété s'écarte des canons de l'art classique (unité de ton notamment), bien que La Fontaine soit classé parmi les "anciens", dans la querelle des Anciens et des Modernes.



Ouverture


Les moralités, si on les considère récursivement, ont une portée générale, voire pratique. Ajoutons-y la leçon morale sur l'usage du langage (bien qu'elle reste implicite).


On peut trouver une portée politique également au personnage du charlatan, dans les démocraties : celui qui promet beaucoup ne sera plus là au moment du bilan...